Et si les ETI françaises étaient un atout sous-estimé pour agir sur notre société ? À la fois créatrices d’emplois – elles embauchent 25% de la population active – et d’innovations en la matière, elles conçoivent et déploient discrètement des solutions aux différents défis de l’insertion professionnelle et du maintien dans l’emploi en France. Grâce à leur taille intermédiaire, elles ont la solidité financière qui permet d’innover et l’agilité nécessaire pour le faire avec efficacité. Une capacité d’impact dont tous les acteurs, et surtout elles-mêmes, doivent se saisir !
Notre modèle social à la française vit un moment clé. Ce modèle, et particulièrement le régime des retraites qui repose sur le principe de solidarité entre les générations, n’est viable que si le nombre d’actifs demeure suffisant pour financer les besoins de ceux qui ont quitté la vie professionnelle. Dès lors, les entreprises françaises ont un rôle central à jouer puisqu’elles créent de la valeur et de l’emploi.
Echelle humaine
Dans ce cadre de nécessaire prise de responsabilités sociétales des entreprises, les ETI (entreprises de taille intermédiaire) sont un formidable vecteur de transformation. Leur dimension à échelle humaine permet une certaine souplesse dans l’organisation, propice à en faire des lieux d’expérimentation de la conduite du changement. Souvent très ancrées dans un territoire- – près de 80% des ETI sont implantées en dehors de l’Ile-de-France – elles sont en prise directe avec les dynamiques et les enjeux du bassin d’emploi local.
Dans ce contexte, nous, ETI, pouvons plus que jamais tirer notre épingle du jeu. Mais cela implique deux choses.
C’est notamment grâce au rôle central que nous jouons en tant qu’employeur que nous pouvons être des acteurs engagés du changement.
Premièrement, que nous puissions disposer de toute l’importance et de toute l’attention que nous méritons – notamment au sein des sphères politiques et économiques. Deuxièmement, que nous nous saisissions pleinement des opportunités qui nous sont offertes pour devenir motrices d’un changement sociétal. Si nous aimons notre modèle social, nous savons aussi que celui-ci a un coût : prenons nos responsabilités afin de préserver et faire grandir ce modèle en lequel nous croyons et qui nous soutient.
C’est notamment grâce au rôle central que nous jouons en tant qu’employeur que nous pouvons être des acteurs engagés du changement. En effet, le travail est souvent vécu comme une contrainte ; à nous d’en faire une source d’enthousiasme, d’attractivité et d’engagement. Saisissons-nous donc pleinement des pouvoirs dont nous disposons : celui de proposer un salaire décent, une rémunération juste et un modèle équitable de répartition des richesses. Celui aussi d’offrir un cadre de travail épanouissant et de donner un sens à l’activité de nos collaborateurs. Celui enfin de repenser notre rapport au travail, et, partant, notre modèle social français.
Nouveau schéma de carrière
Puisque la population active se destine à devoir travailler plus longtemps afin de pouvoir soutenir la retraite de ses aînés, nous avons la possibilité de soutenir un nouveau schéma de carrière. Chez Eurogroup, nous proposons un dispositif de recrutement à destination de personnes de plus de 45 ans, éloignées de l’emploi mais désireuses de reprendre une activité professionnelle. Cette initiative promeut un « rebond » de carrière pour des séniors au parcours déjà étoffé, à rebours de l’approche plus classique d’une activité professionnelle linéaire.
La taille parfois modeste d’une ETI ne doit pas être un frein à la conduite du changement. Si nous ne le faisons pas, alors qui le fera ? Nous disposons de l’agilité et du spectre d’action propices pour faire bouger les lignes ; nous avons l’autonomie, nous avons les leviers. Saisissons-nous de nos qualités trop souvent sous-estimées pour devenir acteurs d’un modèle social pérenne et nous engager en croyant à nos valeurs. A nous de jouer !
*Claudia Montero, Présidente d’Eurogroup Consulting
Tribune publiée dans les Echos le 15/10/24
EN SAVOIR PLUS