À l’heure des décisions structurantes que s’apprête à prendre le Gouvernement pour 2025 et dans un contexte politique, économique et social particulièrement incertain, les acteurs territoriaux – qu’ils soient publics ou privés – doivent trouver un chemin entre des contraintes financières drastiques, la nécessité de faire des choix d’investissements majeurs pour l’avenir ainsi qu’une multiplicité d’injonctions, parfois contradictoires et parfois en opposition avec leurs intérêts immédiats.
Pour autant, c’est ensemble et plus que jamais qu’ils doivent préparer la réponse aux multiples défis se posant aux territoires : développement économique, amélioration du bien-être social, protection environnementale et adaptation… Ces défis ne peuvent être abordés isolément, sous peine d’aggraver une crise économique, sociale et environnementale déjà prégnante. La recherche d’un équilibre par la maximisation des effets positifs des transformations et la minimisation (voire la compensation) des effets négatifs auprès des parties prenantes : voilà l’enjeu pour réussir une « transformation juste » du territoire.
Plusieurs tendances de fond s’imposent, parfois avec brutalité, aux territoires ainsi qu’aux acteurs publics et privés qui le composent, telles que :
- Le bouleversement des équilibres territoriaux : 80% des citoyens vivent désormais en milieu urbain, 55% des villes moyennes sont touchées par la désertification de leur centre-ville et certains services publics essentiels sont en recul, comme l’accès à l’offre de soins dans les « déserts médicaux » ;
- Les mutations économiques : la mondialisation des échanges a accru la dépendance aux productions étrangères, alors que la sécurisation des chaînes d’approvisionnement est un enjeu majeur pour de nombreuses TPE-PME et ETI industrielles ;
- La transition démographique : avec 23 millions de séniors d’ici 2040, les besoins d’adaptation et de services continueront à croître et devront être financés ;
- Le changement climatique : avec une hausse potentielle de 5°C d’ici la fin du siècle, la raréfaction des ressources énergétiques et l’effondrement de la biodiversité, les disparités territoriales, économiques et sociales vont être exacerbées. Des pans entiers d’activités et de nos modes de vie ne seront plus viables ou assurables, sous l’effet de risques environnementaux nouveaux et/ou accrus ;
- Les innovations technologiques : l’accélération du cycle des innovations se poursuit, à l’image du développement de l’IA, bouleversant les modèles d’activité et les usages. Pourtant, 20% de la population française est en difficulté face aux outils technologiques et peine à accéder aux services numériques.
À chacune de ces tendances prise isolément correspond un arsenal d’initiatives, réglementations, aides et incitations pour orienter les acteurs dans leurs choix. Par exemple, le plan France 2030 et la loi « Industrie verte » financent des projets ambitieux de réindustrialisation, nécessitant au moins 20 000 hectares de terrain. La loi « Climat et Résilience », elle, fixe un objectif de « zéro artificialisation nette » d’ici 2050 pour préserver la biodiversité. Quand il s’agit d’embrasser l’ensemble des défis, des équations particulièrement complexes apparaissent.
Ainsi, comment réindustrialiser sans artificialiser les sols ? Bien d’autres exemples de contradictions apparentes peuvent être mentionnés : comment décarboner l’industrie tout en préservant son attractivité et sa compétitivité ? Comment engager et financer les transformations structurelles nécessaires à long terme tout en répondant à l’urgence sociale immédiate – en conciliant enjeux de « fin du mois » et de « fin du monde » ? Comment impulser et encourager l’innovation via le développement des technologies de rupture, tout en limitant les impacts environnementaux du numérique ?
Face à ces difficultés inévitables à l’échelle de chaque acteur, la construction d’une vision partagée à l’échelle du territoire et la mise en œuvre de coopérations et de synergies entre acteurs ouvrent - mieux que les initiatives fragmentées - le chemin vers la « transformation juste » de ce territoire.
Le décloisonnement et les alliances sont des clés pour résoudre les défis des transitions : co-investissement, renforcement des approches par filière, circularité, économie de la fonctionnalité… Ces modèles ont en commun une approche « systémique » de la transformation, leur succès repose sur plusieurs idées motrices :
- Systématiser la prise en compte des parties prenantes et l’approche par la « chaîne de valeur » en travaillant notamment les complémentarités entre acteurs publics et privés ;
- Évaluer en amont et en aval les impacts financiers et extra-financiers des projets en intégrant pleinement les dimensions sociales et environnementales dans l’appréciation de la valeur créée ;
- Chercher, à l’échelle territoriale, le levier du dépassement des contradictions se posant à l’échelle de chaque acteur (à l’image de la circularité : les déchets d’une entreprise peuvent-ils devenir des intrants pour une entreprise voisine ?). La « coopération territoriale » est d’ailleurs l’un des scénarios d’atteinte de la neutralité carbone en 2050 proposé par l’ADEME: il repose sur la mise en place d’une gouvernance territoriale renforcée ;
- Systématiser l’engagement des citoyens dans les projets concernant leur territoire pour tenir compte des expertises d’usage et s’assurer de l’acceptabilité des projets à court, moyen et long terme.
Au-delà du fait que ces approches de coopération rendront chaque acteur plus fort, elles constitueront à long terme un facteur de résilience du territoire dans son ensemble face aux crises à venir. Découvrez notre expertise pour vous accompagner dans ce sens.
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