Article paru dans l’AGEFI Hebdo : consultez la version en ligne.
Nombreux sont les acteurs financiers et assureurs qui cherchent à bénéficier de l’accès aux données de comptes permise par la Directive sur les services de paiement 2 (DSP2), en les exploitant grâce à l’intelligence artificielle. C’est ce qui permettra aux plates-formes numériques qui se développent aujourd’hui de proposer des offres pertinentes et contextualisées.
Source : Les Français et la protection des données personnelles, sondage Ifop pour la Cnil, étude menée auprès de 1.003 personnes, novembre 2018.
Toutefois, la personnalisation à outrance des offres peut susciter de la méfiance de la part d’un client : 66 % des Français sont plus sensibles aujourd’hui à la question de la protection de leurs données personnelles qu’auparavant. A la différence des nouveaux acteurs qui basent essentiellement leur modèle économique sur l’exploitation de la donnée, les acteurs traditionnels craignent que l’utilisation des données sensibles de leurs clients (données de paiement par exemple) ne suscite une telle méfiance chez leurs clients et n’engendre de l’insatisfaction.
C’est la solution de data privacy qui permettra aux entreprises d’exploiter les données dont elles disposent tout en respectant les préoccupations de leurs clients. La data privacy rend en effet au client la mainmise sur ses données, en lui donnant la possibilité de consentir ou non à leur exploitation. Il est donc capital de s’adresser au client de la façon la plus pédagogique et transparente possible pour obtenir son consentement, et, grâce à l’intérêt des offres proposées, être perçu comme légitime à utiliser ses données dans les limites qu’il a fixées.
La data privacy en est encore à ses balbutiements : avant d’être une stratégie économique, elle doit initialiser un véritable travail pédagogique. Le client doit en effet être éduqué à se réapproprier ses données personnelles, à gérer ses consentements et à comprendre les raisons, l’impact et le bénéfice du partage de ses données. Seuls les acteurs qui sauront développer les premiers une stratégie data privacy aboutie pourront se positionner dans le temps en tant que tiers de confiance, partenaire de la vie numérique du client.
Par Jean-Marie Passelande, associé du secteur Banque d’Eurogroup Consulting