Eurogroup Consulting réalise en partenariat avec l’AUTF la quatrième édition du Baromètre de perception des chargeurs sur le transport maritime. Ce baromètre a pour objectif de donner la parole aux chargeurs et d’évaluer leur perception en matière de transport maritime.
Les éléments de ce Baromètre sont actualisés tous les ans afin de définir des tendances et ainsi proposer une vision d’ensemble aux acteurs du secteur. Les éléments d’analyse de l’édition 2024 se basent sur les faits de l’année 2023.
Les réponses recueillies permettent de dresser un état des lieux :
- du choix du port,
- du choix des compagnies maritimes,
- la répartition modale privilégiée chargeurs pour le pré ou post acheminement,
- la lisibilité de l’offre maritime,
- et la satisfaction associée.
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Un niveau de satisfaction élevé à l’égard des places portuaires françaises
Au sein du panel interrogé, les ports HAROPA, Marseille-Fos et Anvers sont identifiées comme les trois principales portes d’entrée et de sortie du territoire français. Les cinq ports les plus utilisés par le panel de répondants sont les mêmes que l’an dernier, avec, en complément du trio de tête le GPM de Dunkerque et le Port de Rotterdam.
Quand il s’agit du choix des ports, les critères qui influencent le plus les chargeurs sont similaires à ceux énoncés en 2023, à savoir : les coûts (pré et post acheminement et du fret maritime) et la présence des compagnies maritimes.
La franchise (stationnement / gardiennage terminaux) remonte en 3e position cette année pour les chargeurs qui semblent accorder plus d’importance au respect du temps de franchise et peut être pointer du doigt un certain manque d’engagement de la part des compagnies maritimes quant aux frais supplémentaires pouvant être facturés à la suite de grèves, blocages ou congestions.
Le niveau de satisfaction vis-à-vis des places portuaires françaises connaît des disparités fortes cette année. En effet, seulement 40% du panel se dit satisfait ou très satisfait des places portuaires françaises ; les nombreuses grèves et congestion de l’année 2023 semblent être les principales causes de mécontentement.
La place portuaire de Dunkerque enregistre le meilleur résultat parmi les ports français : 92% se déclarent satisfaits ou très satisfaits, suivi du GPM de Marseille avec 65% des répondants.
62% des entreprises interrogées saluent la nette amélioration de la qualité de service des places portuaires françaises, les principaux axes de progrès étant similaires à ceux l’an dernier, bien que classés différemment. La fluidité du passage de la marchandise devient ainsi l’axe le plus prioritaire, comme en 2021 (contre le 2ème rang en 2023) et l’offre d’escales n’est plus qu’en 2ème position (contre le 1er rang en 2023), suivis de la transparence des coûts, de la transparence sur le déroulement des opérations, et le traitement des marchandises.
Choix du report modal
65% des chargeurs interrogés ont engagé un report modal vers le transport combiné rail/route quand 43 % se dirigent vers le combiné fleuve/route.
Cette année encore, le transport routier reste le mode privilégié pour le pré et post acheminement. Un choix motivé en priorité par le coût et le lead time. A noter que les chargeurs se sont également tournés vers d’autres modes de transports (combiné rail/route pour 45% et combiné fleuve/route pour 33%).
CMA – CGM occupe une place incontournable au départ et à l’arrivée des ports français
Les principaux critères qui influencent le choix des chargeurs, sont, par ordre d’importance : la fiabilité de la réservation (en 5e position en 2023), la disponibilité des équipements (conteneurs) (alors en 3e position en 2023) et la politique environnementale de l’entreprise choisie.
Cela traduit un nouvel enjeu pour les chargeurs qui doivent désormais faire des choix responsables et vertueux quant à leurs prestataires, afin de satisfaire à la réglementation européenne.
Le prix du service et le transit time disparaissent quant à eux du top 5 cette année. Cela s’explique notamment par la baisse significative des prix jusqu’en novembre 2023.
CMA-CGM reste la compagnie la plus sollicitée par le panel. Maersk reprend la deuxième place comme en 2022 (51% contre 41% en 2023), détrônant ainsi Hapag-Lloyd qui se place en quatrième position (37% contre 52% en 2023).
Cette année, la performance des compagnies maritimes n’apparait pas satisfaisante. A l’exception de la politique environnementale, une plus grande part des chargeurs estiment que la performance des compagnies maritimes s’est plutôt, voire fortement dégradée. Cette baisse de performance trouve probablement sa cause dans la désorganisation volontaire des flux (blank sailing) comme dans une augmentation du non-respect des contrats à long terme des chargeurs de la part des compagnies maritimes, répercutant peut-être de trop nombreuses surcharges, comme celles liées à la politique environnementale.
Si la performance décroit, la qualité de service semble, elle, s’améliorer. 51% du panel juge que le niveau de service apporté par les compagnies maritimes est conforme voire bon. Ce chiffre s’améliore par rapport à l’an dernier.
Alors que seuls 12% du panel a vu ses flux maritimes augmenter entre 2023 et 2024, près de la moitié du panel (49%) déclare les avoir vu baisser.
Les enjeux de RSE impactent désormais les choix en transport maritime
Les facteurs géopolitiques, les conséquences de la crise énergétique et les enjeux RSE constituent désormais des critères clés pour les choix de transport maritime en 2024 et à l’avenir.
Il est à noter que les grèves et blocages (ports français) sont la première problématique à laquelle ont été confrontés les répondants en 2023. Viennent ensuite la congestion des ports en France et la hausse du prix de l’énergie.
Les enjeux de RSE tiennent une place croissante dans les choix des chargeurs en matière de transport (c’est un critère influent pour 41% des répondants) :
- Ainsi 57% des entreprises interrogées déclarent que la préoccupation écologique et environnementale les a conduits à modifier leurs choix en matière de pré et post-acheminement ;
- Et 51% voient dans la crise énergétique les raisons de faire évoluer ces choix.
Cependant, cela ne se traduit pas encore de manière significative par un report du choix des places portuaires.
Enfin, plus de la moitié du panel (63%) a été impacté par des frais de stationnement et des frais de D&D (détention et surestaries).
Ces éléments interrogent l’attractivité future des ports français car les frais de stationnement et de D&D ont été un point de crispation chez les chargeurs. En effet, les grèves et congestions en 2023 ont entraîné un dépassement du temps passé sur les terminaux et des frais supplémentaires ont été appliqués aux chargeurs.
Nos experts
Hind Laghmam
Associé