Eurogroup Consulting publie le Baromètre des Grandes Entreprises Françaises 2020. Il évalue, au travers des dirigeants, le dynamisme et les défis de l’économie française. Malgré le climat social tendu et le contexte économique incertain, le niveau d’optimisme affiché par les grandes entreprises françaises reste très élevé. Ce dernier retrouve même des niveaux similaires à ceux d’avant la crise de 2008 sur leurs prévisions d’effectifs
70% des dirigeants sont optimistes pour 2020
Les soldes d’opinion globaux 2020, « indicateurs d’optimisme », sont stables par rapport à 2019 à l’exception des prévisions d’investissements en forte hausse (52 contre 39 en 2019, à son plus haut niveau depuis 2015). Tous sont à des niveaux relativement élevés supérieurs à 2015, sauf pour la rentabilité.
Ainsi, 7 dirigeants répondants sur 10 se déclarent optimistes ou très optimistes en 2020. En outre, 97% prévoient une stabilité voire une hausse de leur activité. Enfin, 34% envisagent un accroissement de leurs effectifs (similaire à l’an dernier).
La rentabilité en baisse
On note cette année que l’indicateur de rentabilité est le seul en baisse pour la France.
Les dirigeants, déjà alertés en 2019, ont probablement pris en compte le solde négatif du remplacement du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) par la baisse des charges, sans catastrophisme.
Gilles Bonnenfant
La hausse dans les prévisions d’investissements est à quasi-égalité en France et à l’international (soldes d’opinion comparés). Quant à l’indicateur pour les effectifs, il repasse en positif en France (stable pour l’international) et gagne 12 points après une baisse marquée en 2019. Ces dernières prévisions retrouvent ainsi des niveaux similaires à ceux de 2006, après les grandes vagues de délocalisations.
La concurrence et la guerre des prix, risque principal pour les dirigeants
Les risques qui préoccupent les dirigeants sont nettement moins nombreux en 2020. En effet, cette année 1 seul risque est perçu par plus de 50% des répondants contre 4 l’année dernière.
« La concurrence et la guerre des prix » est le seul risque en progression (+ 22 points). Il se positionne donc à la première place : « à relier avec la baisse de l’indicateur d’optimisme sur la rentabilité » selon Gilles Bonnenfant.
Les risques perçus par les dirigeants liés au niveau de contraintes sociales et fiscales en France chutent sensiblement. Ceci est cohérent avec les prévisions plus optimistes des dirigeants sur les effectifs en France. Il s’agit probablement d’une conséquence des grandes réformes économiques et sociales de 2018.
Gilles Bonnenfant
Les risques « classiques » chutent dans le podium. C’est pourquoi, le niveau de la croissance, en première position l’année dernière (76% des dirigeants interrogés en 2019 et + 16 points par rapport à 2018), recule à la 3e position (-29%, la plus forte baisse).
La nécessité de partager une vision et un sens
Parmi les défis prioritaires, « Partager une vision et un sens » prend la tête du classement (89% des dirigeants interrogés, + 6 points versus 2019). Déjà l’année dernière, la quête de sens remontait dans les classements (3e place, + 16 points) exprimant bien un intérêt actuel pour la raison d’être de l’entreprise et la mission qu’elle s’attribue.
Les dirigeants recentrent leurs priorités sur l’attractivité, l’adhésion et la mobilisation de leurs équipes : les révolutions sociale, sociétale, écologique et numérique poussent les grandes entreprises à (re)donner des repères à leurs collaborateurs.
Gilles Bonnenfant
Aussi, la digitalisation des métiers, 1er défi cité en 2019, chute à la 6e place. « Loin de ne plus être un enjeu fort pour les grandes entreprises, la digitalisation des métiers constitue, pour les dirigeants, un moyen au service de leur transformation et non plus une fin en soi« indique Gilles Bonnenfant. Il ajoute : « il faut donc y voir le signe d’un premier niveau de maturité sur le sujet ».
L’impact environnemental des entreprises
Alors que l’année 2019 a été marquée par l’urgence climatique, mise au-devant des scènes politique, citoyenne ou encore scientifique, Eurogroup Consulting a souhaité interroger les dirigeants sur la question environnementale.
Près de 70% des dirigeants répondant à l’enquête considèrent la prise en compte de l’impact environnemental de leur entreprise comme un enjeu fort. Cependant, seuls 45 % ressentent que cette préoccupation est aussi fortement partagée par leurs collaborateurs.
Si la thématique environnementale demeure non prioritaire dans les actes pour les dirigeants face à d’autres défis à relever, elle n’est plus un doux propos de communication. L’écocitoyenneté de l’entreprise est un vrai sujet.
Gilles Bonnenfant
S’agissant du passage à l’acte et des mesures concrètes pour prendre en compte leur impact environnemental, on note un décalage, quel que soit le levier utilisé, par rapport à la perception globale de l’enjeu par les dirigeants.