La transition écologique nécessite la mobilisation de l’ensemble des administrations publiques. En tant qu’acteurs centraux, ils sont chargés de stimuler l’économie et la société dans cette dynamique accélérée. Cependant, cette transition exige une approche repensée du cycle de vie des politiques publiques, ce qui nécessite l’acquisition de nouvelles compétences par les acteurs publics à chaque étape et à différents niveaux.
Découvrez les compétences clés pour mettre en œuvre efficacement les politiques de transition et renforcer l’exemplarité de l’action publique en matière environnementale.
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En France, un déficit de confiance subsiste quant à la capacité des gouvernants à obtenir des résultats probants en matière de transition écologique. Ainsi, si 56% des Français estiment que la réduction des émissions de gaz à effet de serre doit être une priorité pour l’Etat, seuls 28% croient en sa capacité à y parvenir (contre 36% en moyenne dans les pays de l’OCDE).
Pour engager la France dans une véritable transition écologique, il est essentiel d’adopter de nouveaux paradigmes : identifier les impacts environnementaux de chaque projet, prendre en compte le « temps long écologique et climatique » dans la prise de décision, et mobiliser les acteurs sociaux et les citoyens autour de nouveaux enjeux.
Les administrations publiques ont un rôle clé à jouer dans cette transformation systémique, étant donné leur place centrale dans la régulation, le financement et l’impulsion d’innovations sociales ou économiques.
ADOPTER UNE APPROCHE SYSTÉMIQUE DES ENJEUX
Pour identifier les compétences nécessaires à chaque phase du cycle de vie des politiques publiques, il est essentiel d’adopter une approche globale et systémique. Cette approche permettra de mieux comprendre les besoins en compétences pour chaque étape, de la conception à la planification, en passant par la mise en œuvre et le suivi des politiques publiques.
En amont : aligner la stratégie sur des principes et ambitions de long terme
Les enjeux de transition écologique font naître de nouveaux horizons et de nouvelles contraintes pour les décideurs publics :
- Des contraintes « physiques », en lien avec les scénarios de dérèglement climatique décrits par le GIEC et à la limite des ressources fossiles/minérales (terres rares par exemple) et foncières.
- Des contraintes liées aux engagements nationaux et internationaux : avec des actions à mener aux échelles nationale, européenne et internationale. En France, de nombreux textes règlementaires orientent l’action publique : la loi biodiversité, la loi d’orientation des mobilités, la loi climat et résilience ou encore la loi EGALIM 2 par exemple. En tant que membre de l’Union européenne, la France doit poursuivre l’objectif de zéro émission nette du Paquet climat-énergie et de l’ « Ajustement de l’objectif 55 ». Enfin, sur la scène internationale la France s’engage comme nation motrice dans des démarches plus vertueuses, avec notamment l’Accord de Paris, le Traité international sur la Haute mer.
Temps 1 : concevoir des politiques et des dispositifs pour la transition
Les responsables publics doivent être en mesure de concevoir des solutions pertinentes pour relever les défis environnementaux actuels et futurs, tout en veillant à les articuler avec les engagements décidés à d’autres échelons.
Pour ce faire, ils devront mobiliser de nouvelles compétences. À savoir : une maîtrise rigoureuse des différents scénarios énergétiques et climatiques, une compréhension de la dynamique des écosystèmes et des notions de modélisation. Ils devront également encourager les démarches d’innovation et de prototypage de solutions technologiques et sociales novatrices afin de sortir du cadre habituel de conception des politiques publiques.
Pour répondre aux attentes des parties prenantes liées au changement climatique et à l’acceptabilité de la transition écologique, les décideurs devront tenir compte de la complexité des enjeux et de l’impact de leurs décisions sur chacune des parties prenantes. La transition écologique redistribue les cartes et certains acteurs pourraient se sentir lésés. Par conséquent, il est crucial de penser à la participation citoyenne et de mener une consultation en amont pour impliquer toutes les parties prenantes.
Temps 2 : décider à l’heure de la crise écologique
Pour prendre en compte les enjeux environnementaux, y compris de long terme, dans tous les arbitrages, il est essentiel d’avoir des compétences et des connaissances de base pour concevoir de nouveaux dispositifs.
Les décideurs publics sont confrontés aux questions d’équilibre entre les démarches de court terme, plus visibles et potentiellement mobilisatrices, et les décisions de long terme, qui représentent souvent un ensemble de contraintes. À l’heure de la crise écologique, il est nécessaire de prendre des risques en expérimentant de nouvelles solutions, en passant à l’échelle les expérimentations réussies tout en envisageant leur capacité à se déployer sur de nouveaux territoires/contextes.
La capacité des décideurs à expliquer leurs choix sera de plus en plus déterminante pour rendre leur vision accessible et compréhensible au grand public comme aux acteurs sectoriels et locaux concernés. Il s’agira d’articuler avec justesse une vision de long terme, la prévention des risques et les contraintes de court terme pour assurer l’acceptabilité de leurs décisions.
Temps 3 : mettre en œuvre l’action publique en incarnant une ambition environnementale forte
Réduire l’empreinte carbone des administrations publiques est essentiel pour atteindre l’objectif de réduction à 2 tonnes d’équivalent CO2/habitant en France. En effet, les administrations représentent 2,6 tonnes d’équivalent CO2 dans le bilan carbone moyen de chaque Français, soit près du quart de celui-ci !
Pour y parvenir, les administrations publiques devront faire preuve d’exemplarité, prendre conscience des impacts de leurs activités et rechercher les leviers à activer pour les réduire. C’est l’exemplarité et la pédagogie des administrations qui pourra entraîner la société dans une dynamique positive en permettant aux usagers de comprendre les enjeux environnementaux notamment dans la mise en œuvre concrète de la transition écologique, telle que la stratégie du « premier contact » ou du « dernier kilomètre
Par ailleurs, le déploiement des politiques environnementales amplifie au sein des administrations, le besoin de compétences techniques de pointe dans des domaines tels que la collecte et la modélisation de données environnementales, l’ingénierie ou d’analyse dans le domaine de la protection de l’eau et des sols, l’accompagnement des politiques d’aménagement.
Temps 4 : évaluer la capacité à atteindre les objectifs
Il est important d’évaluer les politiques publiques à travers le prisme de l’impératif de la transition écologique.
Cela implique que les acteurs publics doivent être en capacité de collecter et d’analyser des données souvent complexes et disparates pour mesurer leur impact énergétique, leur consommation de ressources, ou encore leurs émissions de polluants divers.
Les administrations doivent aussi être en mesure d’intégrer l’impact environnemental dans les méthodes d’évaluation existantes et d’interpréter leurs résultats en conséquence pour formuler des recommandations.
Face à l’attention croissante des citoyens, il est nécessaire de communiquer efficacement sur les résultats obtenus en valorisant le rôle essentiel que les politiques publiques jouent dans la transition écologique de nos sociétés et de nos économies.
COMMENT RÉPONDRE À L’ÉVOLUTION DES BESOINS EN COMPÉTENCES ?
Mieux former les décideurs publics aux enjeux de transition écologique
Il est essentiel de faire évoluer la formation de ceux qui se destinent à l’exercice de la décision publique. Les quinze écoles de service public ont récemment inclus un module de transition écologique dans leur tronc commun pour soutenir cette évolution. Pour échanger efficacement avec les académiques, les décideurs publics doivent pouvoir bien comprendre les enjeux climatiques et biologiques.
Il est par ailleurs essentiel de miser sur le recrutement de profils scientifiques dans la fonction publique pour répondre aux besoins actuels. À l’heure où les enjeux de transition sont aussi une préoccupation majeure des élèves d’écoles d’ingénieurs, les administrations doivent les convaincre que l’exercice de responsabilités publiques leur offrira des moyens réels d’y répondre. Pour recruter et fidéliser ces profils, l’agilité et la valorisation de l’esprit d’initiative sont des clés incontournables.
Mieux sensibiliser les agents
Pour que les agents puissent réellement s’approprier les enjeux de transition, l’incarner dans leur relation avec les usagers ou en être « exemplaires », la fonction publique doit renforcer ses efforts de sensibilisation et d’outillage scientifique pour tous ses collaborateurs. Des organismes tels que le CNFPT proposent déjà des formations, que ce soit sous forme de sensibilisation telle que la Fresque du climat (des ateliers collectifs), ou d’approfondissement métier, à travers des livrets thématiques et ressources informatiques. Tous ces formats rencontrent une forte demande de la part des publics.
Fidéliser les compétences techniques de pointe
L’Etat, les collectivités et les opérateurs sont confrontés au défi d’attirer et de fidéliser les compétences de pointe nécessaires à la mise en œuvre du volet opérationnel de leurs missions de transition (ingénierie de l’eau et de l’environnement, analyse de données…).
Dans le contexte actuel d’une « guerre des talents » qui pourrait durer avec les acteurs privés, les organisations publiques doivent innover dans leurs leviers d’action et de rétention de leurs agents. Cela nécessite une amélioration de l’expérience collaborateur, une culture managériale plus flexible, une meilleure adéquation entre les postes proposés, les compétences et le parcours des candidats, ainsi que le développement d’une « marque employeur » et la reconnaissance de leur contribution aux objectifs de transition.
La transition écologique ne pourra se faire qu’avec tout l’écosystème des administrations publiques
Leur rôle sera central pour mobiliser l’économie et de la société dans cette dynamique accélérée. Parce que l’impératif de transition réinterroge en profondeur la manière d’appréhender le cycle de vie des politiques publiques, il oblige les acteurs publics à acquérir de nouvelles compétences, à chaque étape et pour différents échelons. Ces compétences permettront une prise de décision encore plus éclairée, un outillage de la mise en œuvre des politiques de transition et un renforcement de l’exemplarité de l’action publique en matière environnementale.
Pour y parvenir, la sphère publique doit renforcer sa capacité à sensibiliser ses agents, à former ses décideurs, et à attirer les talents indispensables à la réussite de son ambition de transformation écologique.
EN SAVOIR PLUS
Romain Varène
Associé
Frédéric Amouretti
Directeur
Notre offre d'accompagnement
Chez Eurogroup Consulting, plus de cent consultants se consacrent à la sphère publique. Ils accompagnent les services de l’Etat ainsi que ses opérateurs. Ils interviennent plus précisément dans la conception et le déploiement de leurs stratégies et projets de transformation. Ainsi, ils s’inscrivent pleinement dans le nouveau cadre (objectifs et méthodes) de la transformation de l’action publique.